L'être ou pas ? (végétarienne...)

Je suis devenue végétarienne très vite en quittant la maison, presque dès que j'ai eu mon Bac, à 17 ans. J'ai réduit progressivement ma consommation de viande, puisque je pouvais manger comme je le désirais. J'avais 20 ans quand la viande a totalement disparu de mon alimentation. 

Je précise que personne, chez moi, n'a jamais été végétarien. Mon grand-père (dont j'ai parlé précédemment) et mon père étaient même de grands amateurs de viande.

Je n'ai jamais spécialement aimé ni détesté. Je mangeais ce que ma mère préparait sans me poser de questions.

C'est l'époque où sont arrivés les premiers scandales alimentaires (poulets et veaux aux hormones par exemple), plus tard suivis d'autres. C'est l'époque aussi où, adorant les animaux, j'ai réalisé comment on les élevait et comment on les abattait. 

Ça n'a donc pas été un choix "alimentaire", mais plutôt, pour employer de grands mots, un choix philosophique. Je ne voulais pas manger une bête qu'on a tuée, c'était aussi simple que ça. Marguerite Yourcenar avait, pour sa part, une bien plus jolie formule, affirmant qu'elle ne voulait pas "digérer une agonie".

Je sais qu'on me dira qu'il y a des gens qui meurent de faim, qu'ils aimeraient bien faire les difficiles comme moi, etc. Ça ne change rien. Justement parce qu'en France, on ne meurt pas de faim, on est même dans une société d'abondance. On a le choix, et j'use de ce choix. Donc, tous ceux qui ont essayé de me culpabiliser n'y sont jamais parvenus. Il est évident que si je n'avais rien à manger, je prendrais de la viande. Et puis, est-ce que si je me remettais au steak, cela sauverait une seule personne à travers le monde ? Ce sujet est donc clos.

Cela m'a très bien convenu. Si par hasard, je suis invitée chez des gens qui ne me savent pas végétarienne, je ne dis rien : je ne suis pas intégriste. Mais dans mon quotidien, cela ne pose aucun problème. Je manque souvent un peu de fer, mais c'est courant, notamment chez les femmes, même pour celles qui mangent de la viande.

Outre ce côté philosophique, qui fut à l'origine de ma décision, les conséquences sur la santé ne sont pas négligeables. 

Peu de végétariens ont du cholestérol par exemple. Moins de triglycérides, etc. Dans la viande, il y a plein de graisses cachées, sans compter celles qu'on rajoute pour faire cuire. Et je ne parle même pas des viandes en sauce, qui sont un vrai cauchemar pour le poids ! Santé, minceur, le régime végétarien me semble plutôt un allié. 

Cela étant, je n'ai jamais essayé de convaincre quelqu'un de devenir végétarien. C'est ce qui me va, et ici, je ne parle que de ce que j'ai expérimenté et qui, pour moi, a fonctionné.

Je rajoute quelque chose qui n'a a priori rien à voir avec mon sujet initial, mais à quoi je tiens.

On nous parle sans cesse du réchauffement climatique. Je ne vais pas me lancer dans ce débat, qui serait long, car ce réchauffement est nécessairement multifactoriel : on est entré dans une période de hausse des températures comme il y en a eu tout au long de la vie de la Terre, c'est certain. La Terre, par ailleurs, du fait de la durée de vie prévue du système solaire, ne pourra aller qu'en se réchauffant, au fur et à mesure que le Soleil consomme son énergie, etc. 

Il n'empêche que, sauf dans des cas comme les cataclysmes liés à des chutes de comètes sur notre planète par exemple, il semblerait que ce réchauffement soit beaucoup plus rapide actuellement qu'il ne l'a jamais été par le passé. On nous dit de réduire notre consommation d'énergie, de moins polluer, tout le monde entend ça. 

Mais on aborde rarement un fait, qui lui, est bien réel : la population de la Terre augmente de façon exponentielle. De 1 milliard environ au 18e siècle, la population est passé à 7 milliards actuellement, et à l'horizon 2050, on prévoit 9 à 10 milliards d'humains. C'est énorme. C'est arrivé trop vite. Car, mettons 9 milliards de personnes, il faut les nourrir (viande, céréales...), il faut qu'elles se chauffent, qu'elles circulent. On peut toujours réduire notre consommation de chauffage par exemple, ou moins se déplacer en voiture : c'est dérisoire par rapport aux besoins de 9 milliards d'individus.

Aucune société (les Chinois avaient bien senti le problème, et ont essayé de le juguler, mais de façon si autoritaire et maladroite que ce fut un échec) n'acceptera de réduire sa natalité, alors que ce serait du bon sens. Donc, le réchauffement climatique dû à la surpopulation ne pourra aller qu'en s'amplifiant, on peut me dire ce qu'on voudra, c'est une évidence.

Les végétariens, dans les sociétés occidentales, contribuent, à leur modeste niveau, à réduire les émissions de gaz à effet de serre. On détruit massivement les forêts, entre autres, pour permettre l'élevage toujours plus important, car tout le monde veut manger de la viande. Les animaux produisent aussi des gaz à effet de serre. En cessant de manger de la viande, c'est une minime contribution pour enrayer un problème que franchement, je ne vois pas comment on pourra résoudre !